L’implant phonatoire est une avancée importante pour les patients laryngectomisés, notamment dans l’acceptation de leur handicap.
Mais comme toute technologie médicale, elle a aussi des complications potentielles. Certaines sont mineures et passagères tandis que d’autres peuvent constituer un problème majeur allant parfois jusqu’à la nécessité d’explanter définitivement le patient.
L’implant possède une collerette à chacune de ses extrémités qui permet de le maintenir en place dans la fistule trachéo-œsophagienne et de rendre la communication entre la trachée et l’œsophage la plus hermétique possible. Cela évite ainsi que de l’eau ou des aliments ne pénètrent dans les voies respiratoires.
Si l’implant n’est pas bien étanche, il peut alors laisser passer de l’eau (essentiellement) lorsque l’on boit : c’est ce qu’on appelle une fuite.
Soyez vigilent si vous apprenez que votre patient tousse dès qu’il boit : c’est le signe d’une fuite.
On distingue deux types de fuites :
Elle est facilement visible à l’œil nu et entraîne également des fuites des liquides vers la trachée : dès que le patient boit, l’eau fuit par le pourtour de la collerette de l’implant déclenchant un réflexe de toux.
Elle résulte bien souvent d’un élargissement de la fistule trachéo-oesophagienne.
Elle est identifiable bien souvent après absorption de liquides chauds (café, thé, etc.). Elle peut être très légère et n’est pas facilement repérable à l’œil nu : c’est essentiellement le réflexe de toux après avoir bu qui la caractérise.
La valve n’étant plus hermétique laisse s’échapper le liquide vers la trachée, provoquant cette toux réflexe. Dès que le patient boit, l’eau fuit donc par l’orifice même de l’implant.
Elle est le signe d’une usure de la prothèse.
Vendu chez le fournisseur Atos Medical pour ses implants phonatoires, ce dispositif permet de stopper les fuites intra-prothétiques provisoirement en attendant le remplacement de l’implant phonatoire. Il peut être intéressant de parler à votre patient de l’existence de ce bouchon.
Selon la marque de votre implant Provox® le bouchon ne sera pas le même.
Il en existe 2 :
Il peut être une bonne solution si votre patient remarque ou suspecte des fuites intra-prothétiques chez vous, le temps de vous parler ou d’en parler au chirurgien ORL.
Une fois le bouchon en place, le patient ne pourra plus parler. Il doit le retirer une fois qu’il a terminé de manger ou de boire pour parler à nouveau !
Dans certains cas, les implants phonatoires peuvent être colonisés par le Candida Albicans (champignon).
Afin de limiter le développement du champignon il est important de réaliser un nettoyage quotidien de l’implant avec un antifongique qui sera prescrit par l’ORL ou le chirurgien du patient.
Un développement excessif de Candida Albicans peut provoquer des fuites intra-prothétiques très fréquentes.
Le champignon est facilement repérable à l’œil nu (dépôts sur et autour de l’implant).
Si vous voyez que l’implant est fortement envahi par des dépôts, contactez l’ORL ou le chirurgien du patient.
Il peut se trouver que l’implant phonatoire se trouve complètement inclus dans le mur trachéo-oesophagien et disparaisse progressivement.
Cela est dû à une prothèse phonatoire trop courte. Le changement pour un implant plus long sera alors indispensable.
Si vous voyez que la collerette est avalée par le tissu trachéal, contactez l’ORL ou le chirurgien du patient.
Lors de granulations du tissu à l’intérieur de la fistule, l’implant peut être poussé vers l’extérieur et risquer de tomber dans la trachée. Un changement de celle-ci avec résection du tissu granulé doit être fait rapidement.
Si vous voyez que l’implant commence à sortir de la fistule vers la trachée, contactez immédiatement l’ORL ou le chirurgien du patient.
Chez certains patients, les fuites à répétitions peuvent provenir d’une pression trachéale négative : elle fait alors s’ouvrir anarchiquement la valve de l’implant. Les patients dans cette situation ont donc une prothèse dont la durée de vie est particulièrement courte (moins de 4 à 8 semaines) en raison de fuites précoces à travers la prothèse ou d’une pression négative dans le pharynx/œsophage pendant la déglutition ou l’inspiration.
Lorsqu’aucun autre facteur ne peut expliquer l’augmentation rapprochée de fuites à répétition (implant bien positionné, absence de prolifération candidosique, etc.) l’hypothèse se tourne alors vers une étiologie de pression trachéale négative.
Dans ce cas-là, un implant de la gamme Provox®, l’ActiValve®, est requis. Muni de petits aimants, cet implant est conçu pour empêcher l’ouverture accidentelle de la valve lors de la déglutition et de l’inspiration profonde.
Toutefois, il n’est pas encore remboursé par la sécurité sociale.
Une succession de ces problèmes loco-régionaux peut aboutir à la sanction obligatoire ou à la demande expressive du patient de retirer l’implant et de refermer définitivement la fistule trachéo-oesophagienne.