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Les conséquences anatomiques de la laryngectomie totale sont bien sûr les plus repérables. Mais d’autres conséquences font partie du quotidien des nouveaux opérés.

La perte de l’odorat

L’odorat est possible grâce aux papilles olfactives qui se trouvent dans les cavités nasales. Après la laryngectomie totale, l’air n’est plus inhalé par le nez mais par le trachéostome : les papilles olfactives ne sont donc quasiment plus sollicitées, ce qui fait que le patient laryngectomisé « perd » en partie l’odorat.

Cette perte d’odorat n’est pas une véritable altération de la fonction olfactive. Elle est uniquement liée à la modification du trajet de l’air : les papilles olfactives sont en fait intactes mais insuffisamment activées du fait de la déviation de l’air inspiré.

Il est toutefois possible de rétablir quelque peu l’odorat grâce à une rééducation orthophonique. Celle-ci consiste à utiliser l’air buccal et à le faire passer dans le nez pour solliciter les papilles olfactives.

L’altération du goût

En post-opératoire, le patient laryngectomisé est fréquemment confronté à des troubles de la perception des saveurs. La déviation de la voie respiratoire, la cicatrisation mais aussi la radiothérapie complémentaire, fréquente, sont en cause. En effet, l’irradiation de la zone cervico-faciale provoque une diminution importante de la production de salive (hyposialie ou asialie) et altère les papilles gustatives et les glandes salivaires, ce qui trouble le goût. Toutefois, ces anomalies sont réversibles et disparaissent généralement de façon progressive, quelques semaines après la fin du traitement en radiothérapie.

L’altération du goût (dysgueusie) et la perte d’odorat sont deux conséquences qui vont de pair, ces deux sens étant très liés.

L’encombrement bronchique

L’air pulmonaire est maintenant inspiré et expiré par le trachéostome. Il n’est donc plus réchauffé, filtré ni humidifié par les fosses nasales, ce irrite les bronches et engendre des sécrétions mucosiques importantes.

C’est pourquoi il est important pour le patient de se désencombrer fréquemment (avec un aspirateur bronchique au début si nécessaire mais ensuite régulièrement en toussant par le trachéostome) et d’équiper le trachéostome d’un système de réhabilitation pulmonaire qui contient un échangeur de chaleur et d’humidité (nez artificiel). Ce dernier remplacera le nez : en permettant la filtration de l’air ambiant, il participera à diminuer les encombrements bronchiques et les quintes de toux fréquentes.

Porter un nez artificiel, qui contient le filtre qui traitera l’air inspiré, est indispensable pour protéger les voies respiratoires.

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Les croûtes

Après la laryngectomie totale, des croûtes se forment au niveau du trachéostome, à la jonction de la peau et de la muqueuse trachéale. Ce désagrément est fréquent : les croûtes sont dues à la sécheresse de l’air qui entre désormais directement dans la trachée sans être filtré, réchauffé et humidifié. Les sécrétions bronchiques ont alors tendance à s’accroître et à sécher.

Pour diminuer la production de croûtes, l’utilisation d’humidificateur dans les pièces, un nettoyage régulier du trachéostome et le port d’un nez artificiel sont indispensables.

N’hésitez pas à aller voir le nettoyage du trachéostome

Effort et fatigabilité

La laryngectomie totale entraîne une diminution de la capacité pulmonaire. En effet, la modification du chemin respiratoire n’assure plus une ventilation idéale, ce qui provoque une fatigabilité importante et un manque de résistance physique.

La personne laryngectomisée est limitée dans ses gestes et ses activités (monter les escaliers ou une côte par exemple) à cause d’un essoufflement rapide. Elle peut également être sujette à de fortes quintes de toux ce qui augmente sa fatigabilité.

Par ailleurs, la réalisation d’efforts (porter des charges lourdes, pousser, bloquer…) devient difficile car le mécanisme respiratoire utilisé lorsque l’on fait un effort, qu’on appelle « mécanisme à glotte fermée », n’existe plus. Ce mécanisme consiste inconsciemment à bloquer son souffle pour avoir plus de force. Il était assuré par le larynx qui, en fermant les cordes vocales, permettait d’augmenter la pression d’air sous-glottique (sous les cordes vocales) pour gagner en force.

Effort à glotte

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Illustrations : Alexandre Gerbault – Conception Graphique : Anaïs Idriss

 La perte du rire

La perte du rire est directement liée à la perte de la voix, la production de celui-ci obéissant aux mêmes mécanismes. Sans cordes vocales, rire comme avant, c’est-à-dire de manière sonore, est désormais devenu impossible.

L’impossibilité de souffler et de siffler

La laryngectomie totale modifie le trajet de l’air. Le souffle pulmonaire s’échappe désormais par la trachéostome et non plus par la bouche, ce qui signifie qu’il n’est plus possible de souffler par la bouche ni de siffler.

L’impossibilité de se moucher

Après la laryngectomie totale, la modification du trajet de l’air fait que le nez et les poumons ne sont plus en communication. Par conséquent, le mouchage n’est plus possible. Toutefois, tout comme pour l’odorat, il est possible d’utiliser l’air buccal et de l’envoyer dans le nez en amorçant un système de pompe, bouche fermée, pour permettre le mouchage.

La constipation

C’est une conséquence directe de l’impossibilité à utiliser le mécanisme d’effort à glotte fermée. Aller à la selle peut donc être difficile et les problèmes de constipation sont une gêne régulièrement évoquée par les patients.

Les insomnies 

L’insomnie n’est pas rare suite à cette opération. Elle est due au choc de l’opération et à ses conséquences, ainsi qu’au sevrage alcoolo-tabagique s’il a été nécessaire.

Les séquelles motrices

L’intervention laisse aussi des séquelles d’atteinte motrice. On observe presque toujours une raideur du cou avec des difficultés à tourner la tête, une raideur au niveau des épaules avec du mal à saisir un objet situé en hauteur, du mal à porter des charges lourdes, etc. Plus rarement, un trismus peut aussi être observé (difficultés à desserrer les mâchoires).

Ces difficultés s’expliquent par l’atteinte des muscles, des nerfs et des articulations, consécutives à l’opération et à la radiothérapie.

Si la chirurgie a nécessité l’utilisation d’un lambeau, la raideur et la diminution de l’amplitude des mouvements de la tête et des épaules sont majorés. Dans ce cas, des massages spécifiques et de la relaxation peuvent être efficaces. C’est le kinésithérapeute qui s’occupera de la prise en charge des atteintes motrices.

Les dangers du bain et de la douche

Les baignades sont désormais interdites et les bains déconseillés. En effet, le trachéostome menant directement aux poumons, la moindre pénétration d’eau par cet orifice est dangereuse : le patient risque de se noyer même dans une faible hauteur d’eau ; il suffit qu’il glisse ou qu’il reste immergé quelques secondes.

Pour la douche, des précautions sont nécessaires : il existe des accessoires spécifiques, les protège-douche, qui dévient le jet d’eau tombant afin d’éviter toute entrée d’eau par le trachéostome.

N’hésitez pas à aller voir les accessoires

Protege-douche

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Illustrations : David Sierra – Conception Graphique : Anaïs Idriss

La position pour dormir

La respiration par le trachéostome oblige à adopter une position sur le dos pour dormir.

Les problèmes d’environnement

L’air entrant désormais directement dans les poumons via le trachéostome, certains environnements peuvent être dangereux pour les voies respiratoires. Il convient donc de porter des protections pour empêcher les particules de poussière ou de sable de pénétrer dans la trachée. Ces équipements de trachéostome s’appellent des échangeurs de chaleurs et d’humidité (ou nez artificiels). Outre leur importance pour traiter l’air inspiré, ils protègent également l’entrée des voies respiratoires.

Lorsque l’environnement est particulièrement poussiéreux ou lors de certaines activités (tondeuse, menuiserie, plage, etc.), il est possible de porter une protection trachéale jetable par-dessus le nez artificiel pour avoir une double protection des voies respiratoires.

N’hésitez pas à aller voir évacuer  les protections trachéales