Après une laryngectomie totale, la voix chuchotée reste possible puisqu’elle ne nécessite pas la mise en action des cordes vocales.
Toutefois, elle est légèrement différente de celle qu’on connaît habituellement puisque désormais, l’air utilisé ne provient plus de vos poumons mais de votre bouche (cavité buccale) et de votre arrière bouche (cavité pharyngée). Elle est donc d’emblée moins perceptible que la voix chuchotée qui existait avant l’opération puisqu’elle ne bénéficie pas du soutien de votre expiration.
De plus, elle est vite masquée par des bruits de souffle pulmonaire qui sort de votre trachéostome lorsque vous vous mettez à chuchoter : on appelle cela des fuites d’air trachéales. Alors que le souffle de vos poumons rendait votre voix chuchotée audible avant votre opération, il devient maintenant un bruit parasite qu’il faut à tout prix éviter. Il vous faut désormais prononcer des mots en retenant votre respiration pour éviter ce souffle trachéal parasite.
Après l’intervention, le réflexe d’expirer pour parler est toujours présent même si la respiration ne se fait plus tout à fait comme avant. C’est un réflexe tenace puisqu’il date du tout premier cri présent dès votre naissance. Mais désormais, il ne sera plus nécessaire pour parler : il sera au contraire un bruit parasite. Il vous faudra apprendre à le maîtriser pour que l’on puisse entendre votre nouvelle voix : cette maîtrise s’appelle l’indépendance des souffles.
Votre orthophoniste vous apprendra à le faire.
La voix chuchotée est une solution de secours bien utile :
N’hésitez pas à aller voir la voix oro-oesophagienne et la voix trachéo-oesophagienne
Même si elle est un bon moyen de dépannage, la voix chuchotée reste limitée :
– Habitudes de forçage et de contraction musculaire au niveau du cou et de la gorge (alors que les voix oro et trachéo-oesophagienne nécessitent au contraire la détente des ces muscles).
– Bruits de bouche ou raclement de gorge pour essayer de compenser le manque de sonorité. Si elle est forcée et sur-articulée, ces mauvaises habitudes peuvent vite apparaître. La voix chuchotée peut alors ressembler aux bruits réalisés par une grenouille. On appelle ce défaut de la voix chuchotée le grenouillage.
C’est pourquoi la voix chuchotée doit rester, dans la mesure du possible, une solution de dépannage post-opératoire. Il ne faut pas essayer pas de forcer sur cette voix en espérant produire une parole plus forte et plus compréhensible : c’est tout l’inverse qui se produira et de mauvaises habitudes pourraient entraver l’acquisition de la voix oro-oesophagienne.
L’orthophoniste n’encouragera pas le travail de la voix chuchotée car cela risquerait d’empêcher l’apprentissage d’une autre voix de remplacement plus audible et plus intelligible. La voix chuchotée est donc davantage une solution d’attente après l’opération ou une solution de secours en cas d’échec de l’acquisition d’une autre voix.